mardi 7 juillet 2009

La suite 2

J'ai supprimé hier le blog que j'avais créé il y a deux semaines, M. Chapeau et les fleurs. J'étais alors sous le choc, au bord du gouffre, et j'avais besoin de quelque chose à quoi m'accrocher. Je pensais que je trouverai un soutien chez d'autres fleurs, ou dans le libertinage. J'ai compris ces derniers jours qu'il n'en serait rien.

Voir des couples heureux s'amuser ensemble m'a fait penser à ce que j'avais perdu. Envisager d'autres relations ne m'a pas fait oublier Mlle Coquelicot. Être rejeté par tous a été plus dur que je ne saurais l'exprimer. Cet avenir-là m'est soudain apparu comme un gouffre plus profond et plus noir encore que celui auquel j'essayai d'échapper.

Je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait, mais je sais maintenant que j'ai agi avec précipitation en suivant les injonctions de Mlle Coquelicot de me reconstruire au plus vite. C'est impossible. Je ne suis pas prêt, et cela ne peut que nous faire du mal à tous les deux.

J'ai donc détruit ce nouveau blog, annulé mes inscriptions à des sites de rencontre, éteint MSN. Parallèlement, j'ai remis mon alliance qui me brûlait la peau depuis trois semaines, mais qui me semble un symbole d'apaisement aujourd'hui. J'ai rechangé mon statut amoureux dans Facebook. J'ai à nouveau imploré Mlle Coquelicot de se laisser du temps afin de se lancer dans une séparation irréparable.

J'ai agi avec précipitation, avec l'intention de me sauver, et j'ai failli me perdre. J'aime toujours Mlle Coquelicot, plus encore qu'auparavant, puisque je sais que je ne peux pas vivre sans elle. Tout, autour de moi, me rappelle Mlle Coquelicot ou des souvenirs communs.

Une simple ballade dans Paris et je la vois gravir les escaliers de la tour Eiffel, je nous vois chercher ensemble le bar de La double vie de Véronique dans la gare St Lazare, je marche avec elle dans les rues, j'ouvre la bouche pour lui faire des commentaires sur ce que je vois dans les vitrines. Mais elle n'est pas là.

Quelqu'un m'a dit que la douleur d'une séparation n'était pas proportionnelle au temps passé ensemble, mais aux projets que l'on avait avec l'autre. Certes, nous avons déjà passé 18 ans ensemble, mais dans ma tête, ce n'était qu'un début. Je voulais passer toute ma vie avec Mlle Coquelicot, être l'homme d'une seule femme, vieillir avec elle, mourir avec elle. 18 ans, c'est beaucoup, mais je pensais que nous avions encore au moins le double devant nous.

Les six derniers mois ont vraiment été les plus heureux de ma vie. Nous étions enfin en phase tous les deux, nous gérions mieux notre travail pour avoir du temps pour nous, je m'occupais des enfants et je passais de chouettes moments avec eux. Avec Mlle Coquelicot, nous étions enchantés de notre amour mutuel, de notre complicité, de notre franchise totale l'un envers l'autre. Nous nous disions que jamais nous n'avions été aussi amoureux tous les deux.

Jusqu'à la rupture. Soudaine, brutale, froide. Incompréhensible de l'extérieur.

Je suis désolé, Mlle Coquelicot, d'avoir mal réagi. Je ne sais pas ce que j'aurai dû faire, mais chercher si tôt d'autres fleurs était une erreur, une affreuse et grossière erreur.

Une seule fleur peut me rendre heureux, c'est toi, mon Coquelicot.

Pour autant, je sais que tu es convaincue de ne plus pouvoir vivre avec moi, que la décision est claire dans ton esprit. Et même plus que cela, je pense que tu as eu raison de m'éloigner puisque ma présence t'es devenue insupportable. Je ne veux pas te faire de mal, te rendre malheureuse.

Mais, je t'en prie mon Amour, laisse-toi du temps avant d'entériner de façon définitive cette décision devant un banquier, un notaire ou un avocat. Ne t'endette pas sur 25 ans pour m'éloigner au plus vite ou me rendre heureux malgré moi. Ce n'est pas ce que je veux.

Je peux vivre au loin et de pas grand-chose, pendant un an. Te laisser seule, même si je dois en souffrir. Il peut se passer beaucoup de choses dans ta tête et dans ton coeur en un an. Des blessures peuvent se refermer, des choses cassées peuvent se réparer.

Tu m'as quitté parce que ta peine a dépassé ta capacité à la surmonter. Mais ta peine peut se réduire. Ta capacité à la surmonter peut se régénérer. Peut-être trouveras-tu la force de me pardonner mes fautes et de m'accepter à nouveau pour ce que je suis, l'homme qui t'aime plus que tout au monde.

Nous nous sommes déjà séparé une fois, au tout début de notre histoire. Et nous sommes revenus ensemble plus forts qu'auparavant. Peut-être vivrons nous la même chose cette fois-ci encore ?

Je ne sais pas si c'est ce qui va se passer. Je ne te demande pas non plus de le penser ou de l'espérer. Je te demande seulement de te laisser le temps, de ne pas te précipiter. Au nom de tout ce que nous avons vécu ensemble, au nom de tout ce que nous pouvons encore vivre ensemble.

D'autres personnes sont passées par là et s'en sont remises. Nous ne sommes pas plus idiots ou moins amoureux qu'eux. Laissons-nous une chance.

Je souffre, mais je ne t'en veux pas, car mon amour pour toi est immense, bien plus que ma douleur.

Je t'aime,
M. Chapeau