lundi 27 avril 2009

Et le tarot déshabilleur alors ?

Les Invités reprennent leurs places de l'apéro, tassés dans un coin. Ils parlent entre eux du fait qu'ils sont vraiment fatigués et qu'ils ne resteront pas longtemps. M. Invité se met à parler d'un sujet qui le passionne. Et il en parle encore, et encore. Et encore. Un peu plus d'une heure plus tard, nous leur souhaitons bon retour sur le pas de la porte.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

Ou plutôt : qu'est-ce qui ne s'est pas passé ?

En ce qui me concerne, pour commencer je n'ai osé aborder le sujet du libertinage pendant le repas. Je ne sais pas si c'était une erreur ou pas. Je ne l'ai pas senti, le bon moment n'est pas venu. Ensuite, au café, je n'ai pas mis en oeuvre mes techniques prévues de sensualisation de l'atmosphère. Là encore, ça m'aurait paru déplacé vu l'ambiance un peu tendue. Donc, pas de bougies, pas de caresses sur Mlle Coquelicot et encore moins de rapprochement. J'ai tout de même donné un baiser passionné à ma tendre, mais c'était plus par envie amoureuse que pour lancer quoi que ce soit.

Pourtant, juste après ce baiser, Mlle Coquelicot a senti chez nos invités un dialogue muet, M. tournant un regard interrogatif vers Mme. Si je l'avais vu moi-aussi, peut-être aurai-je poursuivi mon baiser selon mon plan initial. Mais je ne sais pas si cela aurait suffit à provoquer l'étincelle qui aurait mis le feu à la soirée. De toute façon, j'étais déjà ailleurs : sachant qu'il ne se passerait rien entre nous, je n'attendais plus que leur départ pour sauter sur Mlle Coquelicot.

Donc, contrairement à tous les signaux et sous-entendus que nous avions reçu et envoyé avant cette soirée, elle s'est terminée très sagement, sans que nous soyons plus fixés sur leurs intentions qu'auparavant. Ou presque.

Voyons les possibilités.
- Nous nous sommes totalement trompés à leur sujet, et ils ne sont pas du tout libertins.
- Nous ne nous sommes pas trompés, mais pour une raison ou une autre (fatigue, manque d'affinité), ils n'ont pas eu envie de conclure.
- Nous ne nous sommes pas trompés, mais ils préfèrent ne pas brusquer les choses, prendre simplement contact pour la première fois avant de passer aux choses (pas) sérieuses.
- Nous nous sommes à moitié trompés, et ils ne sont pas libertins pratiquants, mais nous les intéressons tout de même.

Avec une (petite) nuit de sommeil, la dernière hypothèse a ma préférence. Je dirais même que Mme Invitée est plus réticente que M., mais c'est peut-être juste qu'elle était plus fatiguée.

En tout cas, le jeu continue. La prochaine fois (si prochaine fois il y a, ce que M. Invité a souhaité explicitement), il faudrait que nous adaptions nos signaux et nos attentes à des grands débutants plutôt qu'à des vétérans, que nous soyons plus directs dans nos signaux et moins demandeurs des leurs.

Cela dit, nous sommes nous-mêmes tout juste débutants. Je ne sais pas si nous avons les reins assez solides pour initier un autre couple. Serons-nous assez à l'aise pour les mettre à l'aise ? Et surtout, il faut nous assurer qu'ils ont tous les deux envie de cette expérience. Nous ne voudrions pas les brusquer et par mégarde semer la zizanie dans leur couple.

Les choses sont quand même plus simples au No Comment...

vendredi 24 avril 2009

Un dîner vertical

Etrange première impression que d'accueillir chez nous des amis avec des intentions crapuleuses à l'esprit. J'ouvre la porte vitrée à Mme Invitée ; nos regards se croisent et nous les détournons avec embarras. Un soupçon de gêne ou de timidité peut-être ?

D'un point de vue strictement vestimentaire, nous ne sommes pas vraiment en phase. J'ai sorti une cravate, une chemise nu peu recherchée. Mlle Coquelicot est en jupe (comme à son habitude depuis l'année dernière) et a ses plus beaux bas. Mme Invitée est donc en jean et converse, son homme en jean également, avec un espèce de croisement étrange entre un pull et un marcel. Hum...

Là, je me suis dit que nous avions une vision différente du libertinage.

Nous entrons dans le salon pour l'apéro. Mme Invitée s'assied entre l'accoudoir du canapé et son mari, les bras croisés sur la poitrine. Ils ne font aucun geste vers nous, ils ne cherchent ni ne soutiennent nos regards. Comme des amis normaux quoi.

Là, je me suis dit que briser la glace sera plus difficile que prévu.

Nous nous transvasons dans la salle à manger. Le repas se passe bien, très bien même, mais les discussions restent définitivement verticales. Quelques perches tendues ne sont pas prises. Au fil de la discussion, nous comprenons que l'annonce que nous leur prêtions n'est pas d'eux : ils n'étaient pas encore ensemble quand elle a été rédigée. La discussion en vient au lieu où nous nous sommes rencontrés et où a été faite la boutade à l'origine de tout. La discussion repart vers d'autres lieux avant que je n'ai le temps d'évoquer cette boutade et d'approfondir son sens. Dommage, mais je doute de ma capacité à le faire de toute façon. L'ambiance n'y est pas.

Là, je me suis dit que s'ils comptent nous culbuter, ils cachent sacrément bien leur jeu.

Il est déjà minuit et nous repassons au salon pour le café.

jeudi 23 avril 2009

La symbolique de la jupe

La jupe est un pilier du libertinage. Obligatoire (ou fortement conseillée) dans les clubs, remplacée par un ersatz -le paréo- en sauna, elle est omniprésente. Ce n'est pas seulement le signe d'une vision désuète de la femme ou d'une pression pour renforcer le diphormisme sexuel dans ces lieux de perdition à l'éclairage défaillant.

Non, la jupe est surtout un symbole, un indicateur de libertinage. Lorsqu'une femme porte une jupe (dans ce contexte), c'est aussi une façon de libérer son sexe. Combinée à des bas, voire à une absence de sous-vêtements, la jupe est une barrière de moins à franchir, et plus encore, c'est une barrière dont l'absence est visible et constatable par tous. Un symbole donc.

Inversement, le pantalon sert à cacher, mais aussi à emprisonner, à protéger. Une femme qui entre en pantalon dans un club le fait à reculons, peut-être plus pour voir que pour participer. Du moins, c'est l'image qu'elle donne, ce qui explique qu'elle risque de trouver porte close.

Evidemment, ce n'est qu'une symbolique. On peut parfaitement être une simple touriste tout en portant une jupe fendue comme une bûche de Noël, ou au contraire être chaude comme un moteur à explosion tout en portant un pantalon même pas trop petit de deux tailles.

Toutefois, lorsque j'ai vu Mme Invitée arriver en jean et en converse, je me suis dit que la soirée n'allait peut-être pas prendre le tour que nous avions imaginé.

mardi 21 avril 2009

Tirer des plans sur la soirée

Laume nous demande comment nous envisageons notre première rencontre libertine à la maison, qui aura lieu bientôt. Il faut dire que même Mlle Coquelicot s'interroge sur la question. Et bien, voilà comment je vois les choses.

Tout d'abord, nous sommes à peu près certains que nos invités sont libertins. Vous vous en souvenez peut-être, nos doutes à leur propos ont commencé avec une boutade, qui consistait à inviter Mlle Coquelicot dans leur lit. C'est en leur reparlant plus tard de cette invitation que j'ai lancé l'idée d'organiser une soirée ensemble. Ils ont répondu positivement avec moult smileys de connivence. Pour le choix de la date, nous nous sommes mis d'accord qu'il serait mieux que nos enfants ne soient pas là, au cas où nous déciderions de jouer ensemble au tarot déshabilleur...

Bref, c'est assez clair. Il se trouve aussi que je suis tombé par hasard sur une annonce sur un site échangiste qui leur correspond étrangement. (Note pour plus tard : ne pas mentionner nos professions si un jour j'écris une annonce libertine.) Si c'est bien eux, nous apprenons à l'occasion que Mme Invitée est "timide mais délurée". Joli programme !

Donc, même si l'annonce n'est pas la leur, je n'ai pas de doute sur la coquinerie de leurs intentions. Ce qui ne nous dit pas s'ils sont mélangistes, échangistes, séparatistes, côtacotistes ou jenesaisquoitistes, ou quelles peuvent être leurs limites. Cela, nous le verrons sur place.

Maintenant, comment vois-je la soirée ? Pour commencer, j'imagine un repas bêtement vertical. Nous ne manquerons sûrement pas de sujets de conversations classiques sur nos enfants, nos travails respectifs. Au dessert, je m'imagine bien leur demander directement depuis combien de temps ils sont libertins. S'ils le sont (et j'en suis sûr à 98%), nous pourrons alors comparer nos expériences et enchaîner sur leurs limites (dans les grandes lignes, je n'ai pas non plus envie de faire une checklist de 3 pages en corps 8). S'ils ne le sont pas... eh bien, nous saurons de quoi parler pour le reste du repas !

Ensuite, nous irons prendre le café dans le salon, que j'aurais à l'avance débarrassé de toute trace familiale ou inopportune. J'allumerai peut-être un feu dans la cheminée, sinon des bougies. J'embrasserai passionnément Mlle Coquelicot, je passerai la main sur son corps, sur ses jambes. Si notre invitée est bi, je laisserai ensuite les dames entamer les échanges par de douces caresses. Sinon, je tendrai la main ou la bouche vers cette nouvelle partenaire. Et ...

Hum. Pour la suite, il est très certainement contre-productif de faire des plans à l'avance... même si je ne peux empêcher certaines images de me venir à l'esprit !

lundi 20 avril 2009

Une nouvelle étape

Tout est allé très vite depuis que nous nous sommes décidés à franchir le pas du libertinage.

Monsieur Chapeau était aussi tenté par une expérience hors-club. Je ne voyais pas ça vraiment possible: qui ? Quelqu'un qu'on connaît déjà, heu non, je ne crois pas; quelqu'un qu'on ne connaît pas, heu non, je ne le sens pas (oui, je suis pénible, mais j'ai des qualités aussi, faut pas croire).

Et puis, comme bien souvent dans ma vie, une occasion s'est présentée. Doucement, tranquillement, et même agréablement. Un couple d'amis retrouvés, avec qui nous avons des affinités (intellectuelles, là, ...) s'avère très probablement libertin.

Nous allons les recevoir. Bien bien bien. Chouette et gasp, aussi.

Chouette parce que c'est vraiment une belle occasion. Ils sont sympas, ont notre âge, nous plaisent. Nous ne les connaissons ni trop, ni trop peu. Nous avons discuté électroniquement ; il est clair qu'ils ne viennent pas que pour dîner. Enfin je crois.

Gasp sur le plan pratique: comment mène-t-on ce genre de soirée? Ah, je vous entends déjà me répondre "laissez faire, tout cela va venir naturellement". Oui, d'accord, mais en fait non. J'aimerais un peu plus de points de repère, moi. Nous allons dîner, bien. Devons-nous parler de nos libertinages respectifs? Etre précis sur ce que nous aimerions et pouvons faire? Et après le dîner, on fait comment? "Alors heu si on allait s'envoyer en l'air tous les quatre, ça vous dit?".

Gasp, je vous dis.

Cela dit, j'en ai envie. Je suis heureuse de cette occasion, même. Mais voilà, c'est nouveau, et particulier, tout de même...

dimanche 19 avril 2009

Aujourd'hui

En quelques mois, mais après des années de réflexion et de discussion, nous sommes devenus libertins. J'aime bien, ce mot, libertin. Wikipedia en dit : "dans sa version d’origine, le libertin est celui qui remet en cause les dogmes établis, c’est un libre penseur (ou libertin d’esprit) dans la mesure où il est affranchi, en particulier, de la métaphysique et de l’éthique religieuse ; le sens qui prévaut de nos jours se réfère au libertin de mœurs, c’est-à-dire celui qui s’adonne aux plaisirs charnels avec une liberté qui dépasse les limites de la morale conventionnelle et de la sensualité bourgeoise normale, mais aussi, avec un certain raffinement cultivé.". Bon, je sais bien que Wikipedia ne dit pas que des choses vraies. Mais dans cette définition, plusieurs aspects me plaisent.

D'abord, je ne crois pas être libre-penseur, dans la mesure où la pression de la société, des autres, des conventions m'a toujours beaucoup pesé. Pourtant, j'aurais aimé. Bien sûr, j'ai mes opinions, mes ressentis et mes pulsions, mais je les faisais passer après le filtre du comme-il-faut. C'est en voie de changer, en bien, notamment grâce à nos expériences récentes.

Ensuite, et c'est une conséquence, "dépasser les limites de la morale conventionnelle et (...) bourgeoise" me ravit franchement. D'autant que ce "certain raffinement cultivé" me plaît aussi. Mais c'est fait pour moi, le libertinage... Ou alors c'est l'inverse, et c'est bien aussi.

Ce raffinement, je l'ai ressenti au No Comment. La déco est baroque (oui, un peu kitch par certains aspects, et alors?), l'établissement chic, les participants "bien habillés", voire "beaux", comme j'ai pu le lire sur des sites ou des blogs. Parfois ces remarques étaient négatives sous le clavier de leurs auteurs. Je ne comprends pas pourquoi. Personnellement, un type au cheveu gras et en marcel ne m'excite pas. Mais alors pas du tout. Et pourquoi reprocher à ces gens de soigner leur apparence? En club, on séduit, donc on souhaite attirer; cela ne mérite-t-il pas un petit "effort"? Il ne s'agit pas de se déguiser, mais juste de faire preuve de respect vis-à-vis de soi et des autres, je pense.

Et d'ailleurs, le physique pur ne fait pas tout. Lors de notre dernière visite en club, le couple avec lequel nous avons partagé un (très) bon moment ne correspondait pas à mes idées premières en matière d'attirance. L'homme plus âgé que nous et ventru, la femme bien en chair. Elégants, cela dit, justement. Je ne crois pas que nous serions allés vers eux de nous-mêmes. Mais pourtant, quelle douceur de leur part, quelle attention à l'autre, quel plaisir partagé; cette femme à la peau si douce et aux gestes attentionnés avait un sourire magnifique et heureux et des yeux malicieux et intelligents. C'est un peu le hasard qui nous a placés côte à côte.

Mais il a bien fait les choses.

dimanche 12 avril 2009

mardi 7 avril 2009

Dialogue, dialogue

Le dialogue, déjà important dans n'importe quel couple, l'est plus encore pour un couple libertin. Nous avons beaucoup parlé avec Mlle Coquelicot avant de passer à l'acte, et nous en parlons encore beaucoup. Cela n'empêche pas les quiproquos ou les incertitudes quand aux attentes de l'autre.

Par exemple, quand j'ai dit à Mlle Coquelicot que je trouvais dommage que nos soirées au No Comment soient si fatigantes, elle m'a aussitôt répondu, vaguement inquiète, en me réaffirmant qu'elle ne voulait pas que nous y allions trop souvent. Pensait-elle que je souhaitant y retourner dans la semaine ou dans le mois ? Ce n'était pas mon propos. Je me déplorais simplement d'être fatigué, sans arrière-pensées.

( En fait, je n'ai pas envie de retourner en club libertin dans l'immédiat. Et pas seulement pour une question de fatigue, de temps ou de finance. Deux choses me retiennent. D'une part, notre jeu d'approche avec un couple d'amis occupe suffisamment mes pensées libertines. D'autre part, je me demande si l'excitation procurée par le simple fait d'être dans un club libertin n'est pas susceptible de s'émousser rapidement, trop rapidement. S'habitue-t-on à voir des inconnus faire l'amour à côté de nous, ou cela reste-t-il un spectacle excitant même après des dizaines de soirées libertines ? )

Pour ma part, quand Mlle coquelicot m'a dit que l'on devait établir le planning de nos week-ends à venir avant de lancer des invitations, je me suis demandé quelles activités elle prévoyait pour ces week-ends ? Avait-elle des intentions coquines ? Nooon... ou si ?

Ce blog est aussi un moyen de communication entre nous. Hélas, Mlle Coquelicot n'a pas le temps d'y écrire comme elle le voudrait, alors qu'elle comptait donner son point de vue sur notre dernière soirée et répondre à mes billets. Bientôt peut-être ?

mercredi 1 avril 2009

Un message de la direction

Cher public,

Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous ne sommes pas en mesure de faire une farce de premier avril aujourd'hui. Elle aura lieu à une date ultérieure, que nous annoncerons dès que possible. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée, et espérons vous revoir bientôt sur notre blog.

Merci de votre attention.

Amicalement,
M. Chapeau et Mlle Coquelicot